Le temps est vraiment maussade ces jours-ci. Un froid de canard persiste. Heureusement, il y a les actualités brûlantes pour se tenir au chaud. La dernière en date a trait à l’octroi de certificats d’immatriculation et de navigabilité à cinq Boeing 777 devenus la propriété de Mahan Air, une compagnie iranienne accusée de servir le terrorisme et mise à l’index par plusieurs pays. Une affaire qui a éjecté de son poste le ministre des Transports et de la Météorologie. Mais tout ne s’arrête pas à cette mise à l’écart du premier fautif. La situation prend une dimension internationale et est abondamment commentée dans les grands journaux d’ailleurs. Lors de la passation, hier, le Premier ministre, qui assure l’intérim du ministre sortant, a déclaré avoir sollicité les services du FBI et de la CIA, (plutôt de cette dernière) pour éclaircir cette affaire et débusquer tous ceux qui ont magouillé dans cette transaction. Une sollicitation qui risque de révéler beaucoup de choses.
Et à l’heure actuelle, et bien avant que les négociations aboutissent, aussi bien la CIA, le service de renseignement américain que le Mossad, son homologue israélien, sont au courant de tout. Comme l’Iran est frappé de sanctions internationales et ne peut acheter des avions, les pistes empruntées pour contourner cette interdiction sont archiconnues par ces services secrets. D’ailleurs, rien n’est aussi surveillé que l’aviation civile internationale depuis l’époque des grands détournements d’avions des années 80. Il faut être naïf pour croire qu’on peut faire des affaires dans le monde aéronautique ni vu, ni connu. C’est gros comme un avion.
Il ne faut pas ainsi douter une seconde que le circuit suivi par ces Boeing 777, leurs cargaisons, toutes les manigances faites autour et l’identité de tous ceux qui ont trempé dans cette affaire, dont certains font l’objet d’avis de recherche, sont déjà connus dans les moindres détails. Le Premier ministre serait donc rapidement servi. Si ce n’était pas le cas, l’affaire n’aurait pas été éventée. L’enquête ne traînera donc pas.
Reste à savoir si l’on écopera des sanctions internationales. Il y a beaucoup d’incohérences dans la stratégie de défense des uns, la déclaration d’innocence des autres, que cela risque de coûter plus cher que l’opération n’a rapporté à ses auteurs. Attendre et voir, comme on dit.
Sylvain Ranjalahy