Musique sans frontière

L’histoire commence à Sumer, d’après le titre du livre de Samuel Noah Kramer. Cette naissance s’est manifestée au monde à travers l’épiphanie de son corps : l’écriture. Ce fut quand les tablettes d’argile de Mésopotamie commencèrent à enregistrer les traces des accomplissements, plus ou moins grands, de l’homme que la préhistoire fut surmontée. Depuis, l’histoire a voulu qu’elle soit écrite en différentes langues, et se fragmente dans divers réseaux nationaux ou civilisationnels. Mais malgré ce morcellement exprimé par la diversité linguistique qui confine les communautés dans un groupe d’appartenance, un langage possède la capacité de parler à tous les esprits, à tous les cœurs : la musique.

L’écriture a engendré l’histoire, éparpillée en différents faisceaux nés de la diversité des cultures véhiculées par les différentes langues. Dans ce monde humain, où aucune langue ne peut prétendre à l’universalité ni détenir le pouvoir de communiquer à toutes les civilisations, la musique s’affirme avec sa puissance qui transcende les différences, étant, pour tous, cette force qui « adoucit les mœurs ». Des passages de  La République  Platon font écho à cette conviction intemporelle. Pour le philosophe, la musique agit sur les auditeurs en façonnant les caractères, en donnant aux individus la vertu, ou la mollesse... D’où l’importance de bien choisir la musique qui peut contribuer à l’éducation des citoyens. Les cultures, avec chacune leur langue et leur histoire, connaissent cette faculté de la musique à ébranler les sensibilités.  

Beaucoup connaissent le mythe d’Orphée, le poète et musicien dont les doigts peuvent donner aux sons d’une lyre un charme qui peut envoûter toute la nature et même faire fléchir les dieux. Le joueur de flûte de Hamelin, popularisé par le récit qu’en ont fait les frères Grimm, est une autre illustration de cette aptitude de la musique à captiver et à accaparer les esprits. La musique, utilisée pour le bien ou le malheur des hommes, possède des vertus qui, contrairement aux langues, ne peuvent pas être stoppées par les bornes spatio-temporelles. Que le monde la célèbre est compréhensible. Ainsi, elle peut aisément prendre possession de certains jours et s’y imposer.  

En 1982, Jack Lang, alors ministre français de la Culture, crée la Fête de la Musique. Durant une journée, le 21 juin, elle se montre sous ses différents visages à la lumière du jour qui bénéficie de plus d’heures dans l’hémisphère Nord où la date coïncide avec le solstice d’été. Célébrée donc avant-hier, cette Fête de la Musique nous rappelle qu’elle fait partie de nous et continue de nous parler, de nous influencer pour le meilleur et pour le pire. Et dans le monde et l’époque actuels, on a plus que jamais besoin de ce qu’elle a de meilleur.

Fenitra Ratefiarivony

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