Alors que les autorités avaient promis une baisse du prix du ciment à 14 000 ariary, Alpha Ciment tempère les attentes face aux contraintes économiques et logistiques.
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Site d’exploitation à Ibity Antsirabe. |
Promesse difficile à tenir. Les autorités malgaches avaient annoncé une baisse du prix du ciment à 14 000 ariary grâce à la relance de la production locale, mais l’objectif reste lointain face aux coûts élevés, à la logistique complexe et aux délais d’investissement. Alpha Ciment, unique producteur national, modère les espoirs: selon ses responsables, cet objectif demeure inatteignable à court terme.
La société a connu un changement d’actionnaires en 2023. Désormais détenue par un investisseur mauricien et un autre indonésien, elle bénéficie de nouveaux financements. Mais, comme le rappelle Vincent Blanchet, directeur général lors d’une récente visite de terrain, dans le cadre de la préparation du 40e anniversaire de Alpha Ciment, « la reprise est récente » et lancer un projet industriel de cette ampleur « demande du temps ».
L’usine d’Ibity produit actuellement environ 150 000 tonnes par an, encore en dessous de sa capacité théorique de 180 000 tonnes. Des coupures d’électricité régulières limitent son rendement. À Toamasina, la production est estimée à 300 000 tonnes. Les trois sites – Toamasina, Tanjombato et Ibity – assurent la distribution dans leurs zones respectives.
Casse-tête
Plusieurs facteurs rendent la baisse rapide du prix difficile. D’abord, le charbon utilisé dans la production est désormais importé, le charbon local s’étant révélé inadapté. Ce changement pèse lourdement sur les coûts. « Le charbon représente à lui seul près de la moitié du coût du ciment », souligne le directeur général.
Ensuite, le transport reste un casse-tête : acheminer les matières premières puis distribuer le produit fini dans un pays aussi vaste que Madagascar génère des frais importants, amplifiés par la hausse des prix du carburant depuis 2022.
Selon Alpha Ciment, même avec une modernisation progressive, atteindre les 14 000 ariary est illusoire pour l’instant. « Une baisse, oui, c’est envisageable. Mais pas à ce niveau-là. Il faut être raisonnable », insiste Vincent Blanchet.
Aujourd’hui, le sac de ciment de 50 kg se vend entre 39 000 et 48 000 ariary, selon les régions. Un projet d’extension de la capacité est en réflexion, mais « il faudra au moins deux à trois ans » pour bâtir une nouvelle unité de production.
Irina Tsimijaly