A quelque chose malheur est bon. Le Moyen-Orient s’embrase. L’Iran, pris en tenaille par Israël et les États-Unis, réplique de manière violente et vise les sites américains installés dans les autres pays voisins. Autrement dit, la guerre a toutes les chances de s’étendre sur toute l’étendue du Moyen-Orient et des pays du Golfe Persique. L’Iran a fermé le Détroit d’Ormuz par où passent les supertankers transportant le pétrole. Une décision qui pourrait avoir l’effet d’un boomerang étant donné que le pétrole constitue la principale ressource de l’Iran et, par conséquent, il se prive du nerf de la guerre.
Le cours du baril de pétrole a déjà flambé dès l’annonce de la fermeture du Détroit d’Ormuz qui vient se greffer aux attaques des bateaux étrangers par les terroristes Houthis du Yemen et rendant le passage des transporteurs très risqué à cet endroit.
La guerre se passe à des milliers de kilomètres de nous. On est loin des sifflements des missiles et des explosions qui mettent la population des deux pays belligérants à rude épreuve. On peut donc dormir sur ses deux oreilles sans aucun risque d’être réveillé par une ogive nucléaire. Occupons-nous bien de nos oignons auxquels nous avons toutes les peines du monde à trouver des solutions. Mais on préfère de loin nos besaces quotidiennes à l’instar du délestage, des coupures d’eau, de l’inflation, de l’intoxication, de l’insécurité aux nuits dans les stations de métro, l’angoisse de tous les instants de se voir mourir dans l’éclat d’une bombe.
Après tout, on nous envie notre tranquillité. Ça n’a pas de prix. Quand on voit l’horreur de la guerre, des familles décimées, des enfants mutilés, des milliers de gens qui se bousculent pour une bouchée de pain, on peut se dire que notre pauvreté n’est pas à vendre. Et on le sera davantage avec les conséquences de cette guerre sur les échanges qui se profilent. On se demande si on aura le pouvoir d’achat pour suivre le train de l’inflation. Il faut peut-être penser dès à présent à demander aux bailleurs de fonds de redoubler de générosité et de tripler les aides budgétaires.
Mais il faut profiter de cette guerre pour concrétiser la fameuse coopération sud-sud en vogue dans les années 90-2000. Aujourd’hui on parle de Zlecaf pour les pays africains mais l’unanimité reste à conquérir autour de ce projet. Eh oui, c’est le moment où jamais d’avoir une vue de près. Pourquoi aller acheter le pétrole et le gaz dans le Golfe alors que l’Algérie, l’Angola, le Gabon, le Mozambique, le Nigeria… en produisent. À la guerre comme à la guerre.
Sylvain Ranjalahy