Suite en avant, débandade. C’est soit l’un, soit l’autre. C’est l’image laissée par le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures qui a esquivé la presse hier au sortir d’une cérémonie. Les journalistes voulaient avoir des explications sur l’ampleur du délestage et il était le premier responsable indiqué pour en parler. Il le fait d’ailleurs souvent en convoquant la presse pour vanter les actions de son département ou pour annoncer des solutions à court ou à long terme aux coupures de courant. Justement, plusieurs mois après l’annonce des mesures et des projets pour mettre fin au délestage, la situation empire.
La population, les abonnés de la Jirama qui continuent à payer la facture sans être approvisionnés, méritent, ironie du sort, un minimum d’éclairage. C’est la moindre des choses à défaut de pouvoir poursuivre la Jirama en justice pour contrat non honoré. Un droit que la plupart des consommateurs ignorent, c’est d’ailleurs un recours voué à l’échec. Pourtant, les préjudices sont énormes pour les petites et moyennes entreprises, les entreprises individuelles, les foyers… Outre le manque à gagner, l’augmentation des charges, il y a les dégâts importants causés par la baisse et la hausse subite de tension. Dans certains endroits, l’alimentation est en dessous de 110 volts et a du mal à allumer une ampoule led.
Un cadre de la Jirama s’est prêté à l’exercice de l’interview à la TVM pour rattraper la situation, mais au lieu d’apaiser l’opinion, il a plutôt enfoncé le clou avec les habituelles explications fallacieuses à l’image d’une sécheresse précoce sans apporter ni solution ni chronogramme de résolution du délestage. Mais il a eu au moins le courage de dire ce que les abonnés entendent à longueur d’année et depuis des années.
La situation est d’autant plus importante que la fête nationale approche. Tout un programme est annoncé, mais le fait est que, depuis le départ d’Emmanuel Macron, la capitale se trouve dans un black-out. L’éclairage public s’est éteint presque partout alors que le jour est également noir. À cette allure, on se demande comment donner un air de fête à la ville sans lumière et sans eau. La population aura-t-elle un cœur à fêter et à hisser le drapeau national face à toutes ces difficultés? Ce n’est pas évident.
Heureusement qu’il y aura les feux d’artifice pour apporter justement une lumière éphémère dans le ciel obscur de Tana.
Mais il y a à gager que le pouvoir fera tout pour éviter une… faute nationale. Autant il avait mis le paquet avant et pendant les élections législatives et communales en finançant la mise en service du groupe TAC de la Jirama par centaines de milliards d’ariary, autant il ne pourra pas être indifférent pour la plus grande date de l’histoire du pays.
Sylvain Ranjalahy