Apocalypse now

C’est la totale. Une intoxication alimentaire  meurtrière qui n’en a pas l’air et un incendie dévastateur en plein centre-ville. La capitale a été secouée par deux drames en l’espace de 72 heures. Ils ont quatre dénominateurs communs.  La négligence, l’imprévoyance, le laxisme, le dénuement.

Douze personnes ont perdu la vie pour avoir consommé des petits fours fournis par un traiteur au cours d’un anniversaire célébré samedi dans un « Espace » sur la RN2. Une tragédie qui interpelle sur au moins deux choses. La salubrité des aliments et nourritures que l’on sert un peu partout d’abord. 

Pauvreté étant, mauvaise éducation aidant, tout le monde s’imagine gargotier en plein air. Aucune norme d’hygiène n’est évidemment respectée. La saleté des ustensiles utilisés et de l’endroit où on prépare et sert les plats où les cafards et les rats font partie du décor, la crasse du « serveur » sont autant de facteurs favorables à l’intoxication de toutes sortes. On s’étonne qu’il n’y ait pas une épidémie d’hépatite, de choléra, de fièvre jaune dans ces conditions. Il n’y a aucun contrôle d’hygiène dans ce domaine. Du moins ceux qui ont pignon sur rue. Le dernier contrôle effectué par les autorités date de plusieurs années. Plusieurs établissements ont été épinglés pour manque flagrant d’hygiène et ont été verbalisés. Depuis, plus rien. Il a fallu attendre ce drame pour que les autorités prennent des mesures intempestives en l’occurrence la fermeture de l’Espace incriminé dont le propriétaire fait partie des victimes. 

Ensuite, cette hécatombe a mis à nu le dénuement dans lequel se trouvent les hôpitaux publics. Les coupures fréquentes de l’électricité rendant difficile la fourniture en oxygène aux victimes, l’insuffisance de lits et de chambres pour accueillir les malades aux services des urgences ont compliqué les efforts de sauvetage. Un hôpital sans électricité et sans eau est juste un mouroir idéal. 

Ce n’est pas une révélation mais on croyait que la situation s’est améliorée. Visiblement elle a empiré. L’équipement des hôpitaux, le recrutement de médecins et de  paramédicaux, laissent à désirer. 

Il est des hôpitaux publics comme il est des sapeurs-pompiers. Il y a des gens dévoués et volontaires en l’occurrence les médecins et les soldats du feu, mais sans moyens ils sont incapables de mener à bien leurs tâches. Que peuvent faire les sapeurs-pompiers si les bouches d’incendie sont asséchées comme ce fut le cas hier. Le feu a pu se défouler de toute son ivresse sur les échoppes et les bâtiments le long de la Petite Vitesse hier. La foule leur en voulait mais il s’agit d’une situation totalement indépendante de leur volonté. Hélas, cela risque de durer un bon bout de temps si on ne trouve pas de solution aux problèmes du délestage et des coupures d’eau.

C’est beau de montrer une solidarité avec les victimes, de prendre des mesures de rétorsion, mais c’est mieux de faire en sorte que les citoyens ne meurent pas comme des poulets.

Sylvain Ranjalahy

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