Voiture du peuple

Si le bilan sanguinaire du Troisième Reich est dans presque toutes les mémoires, un petit nombre sait qu’Hitler s’est attelé à une visée qui se voulait au service du peuple : démocratiser l’usage de l’automobile. Dans la lignée de cet objectif, son arrivée au pouvoir fut rapidement suivie d’un lancement de construction d’autoroutes. Le couronnement de ce projet arriva le 26 mai 1938. Ce jour-là, un de ceux qui se sont inscrits dans l’histoire de l’automobile, les Allemands découvrirent le prototype de la “voiture du peuple”, traduction française de l’allemand Volkswagen.

À l’origine, il y eut comme une configuration parfaite des deux planètes, celle du peuple et celle de l’ingénierie automobile. Le projet du Führer s’est aligné avec les idées de Ferdinand Porsche, un ingénieur autrichien qui présenta au ministère des Transports ce que son esprit avait imaginé : une voiture bon marché et qui consomme 5 litres aux 100 kilomètres. L’Europe eut cependant un autre rendez-vous avec l’histoire, un tournant que ne put négocier cette aspiration à faciliter l’accès de chacun à l’automobile. La guerre, en effet, s’accapara l’industrie où elle imposa son monopole, une période sombre où le nazisme s’affirma, pour l’histoire,  comme un des régimes les plus atroces que le monde ait connu. Et Volkswagen dut attendre que l’histoire prenne une direction qui lui soit favorable. Une nouvelle opportunité qui ne s’offrit qu’après la chute du pouvoir nazi.

Les Britanniques, qui occupèrent la zone où l’usine avait été établie, lui redonnèrent vie. Depuis, la suite eut les faveurs du marché. On retiendra qu’avec plus de vingt millions d’exemplaires vendus, elle est la voiture qui a enregistré le plus grand nombre d’acheteurs. Ce fut alors un de ces épisodes où un produit de luxe s’offre au peuple. Un autre don semblable à celui de Prométhée qui a donné le feu, privilège des dieux, aux hommes. Ainsi a-t-on une des épiphanies de la société de consommation, diagnostiquée par le philosophe français Jean Baudrillard, dans laquelle les marchandises sont à la portée d’un nombre important d’individus. La “voiture du peuple” est littéralement celle de l’économie de masse où la possession d’une voiture peut être vue comme signe d’appartenance à la modernité ou à l’époque industrielle.

Ce fut donc un 26 mai comme aujourd’hui que la voiture, dont la forme lui a valu le surnom de “coccinelle”, connut un début d’éclosion, le début d’une aventure qui la portera à l’écran où elle assura, à certaines occasions, un rôle important comme dans La Coccinelle, la série de films produite par Walt Disney Pictures.

Fenitra Ratefiarivony

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