CINQUANTE ANS APRÈS - Quid du dossier Ratsimandrava ?

Comme chaque année, la commémoration sera suivie  de dépôts de gerbes de fleurs par les autorités.

Cinquante ans après les faits, qu’en est-il de la vérité sur l’affaire Ratsimandrava? Cette question reste sans réponse à ce jour. Elle tient en haleine les historiens, les journalistes et les citoyens attachés à la mémoire de feu le colonel Richard Ratsimandrava, considéré comme une des figures du nationalisme post-colonial.

Le colonel Ratsimandrava est le premier officier malgache commandant de la Gendarmerie nationale. Il est aussi le seul chef d’État malgache à avoir été assassiné dans l’exercice de ses fonctions. Le 5 février 1975, le général Gabriel Ramanantsoa, alors à la tête du pouvoir transitoire, et acculé par une situation politique houleuse, lui remet les pleins pouvoirs. Le colonel Ratsimandrava accepte ses nouvelles responsabilités en prononçant une phrase devenue légendaire.

«Tsy iamboho adidy aho mon général”, que l’on peut traduire librement par “je ne tournerai pas le dos à mes devoirs mon général», est la phrase du colonel Ratsimandrava. Six jours après avoir reçu les pleins pouvoirs, le 11 février 1975, il est tombé sous les feux croisés d’éléments embusqués du Groupe mobile de police (GMP), à Ambohijatovo Ambony, alors qu’il allait rentrer chez lui après avoir dirigé un Conseil des ministres, à Anosy.

Bien qu’un procès ait été ouvert à l’époque, l’affaire s’est soldée en queue de poisson. Jusqu’ici, la vérité sur cette affaire n’est pas élucidée. Pour le cinquantenaire de ce triste épisode de l’histoire du pays, une cérémonie de commémoration se tiendra, comme chaque année, devant la stèle en mémoire du colonel Ratsimandrava, rehaussé au grade de général à titre posthume, ce jour.

Archives

Hier, une conférence sur son parcours et ses idées politiques a été organisée par la gendarmerie nationale, à la salle de conférence Avoria, à Anosy. En marge de l’événement, l’idée que, cinquante ans après les faits, le dossier Ratsimandrava pourrait être accessible aux chercheurs afin de faire la lumière sur le sujet, a été évoquée par un journaliste.

À Madagascar, toutefois, la loi relative aux archives, qui date de 2007, indique que «les documents d’archives publiques peuvent être consultés à l’expiration (...) de cent ans à compter de la date de l’acte, pour les documents relatifs aux affaires portées devant les juridictions, sauf pour les décisions de justice qui peuvent être consultées à tout moment».

Sur l’affaire Ratsimandrava, le professeur Harilala Ranjatohery, historien et académicien, présent à Anosy hier, a indiqué que les dossiers, alors entreposés au palais d’Andafiavaratra, auraient été détruits dans l’incendie des lieux, en 1976. Le palais était le siège de la primature à l’époque. Le Premier ministre de l’époque, feu le colonel Joël Rakotomalala, est décédé dans un crash d’hélicoptère, le 30 décembre 1976.

Dans l’éventualité où les sources officielles auraient été détruites, le professeur Ranjatohery indique qu’il y a toujours les archives familiales. Bien qu’il reconnaisse que l’affaire Ratsimandrava reste une plaie dans l’histoire nationale qui n’est pas encore guérie, l’académicien ajoute néanmoins, «j’estime que nous pouvons tout à fait aborder le sujet d’une manière dépassionnée, rétablir la vérité de l’histoire et enrichir l’histoire, dans l’intérêt général tel que voulu par le colonel Ratsimandrava».

Garry Fabrice Ranaivoson

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