La métaphore de Gabaon : sagesse au pouvoir

J’ai toujours lu tout ce qui me tombait sous la main. Et pourtant. Chez les Jésuites, dans certaines classes, une pile de la Bible était à la disposition des élèves à l’entrée même de la salle de classe. Mais, pavé sans doute trop monumental et message encore trop subliminal pour nos jeunes cerveaux, puisque je ne me souviens pas que quelqu’un en ait pris une spontanément pour la feuilleter. 

Ces temps-ci, au gré de recherches croisées entre la littérature judéo-chrétienne et les légendes maçonniques autour du roi Salomon, je découvre des pépites que je regrette de n’avoir pas connues plus tôt. Comme on aime à se le dire, il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. Et cetera et cetera... 

Ainsi de ce passage au Premier Livre des Rois (1Rois 3:5-14). «À Gabaon, l’Éternel apparut en songe à Salomon pendant la nuit et Dieu lui dit : Demande ce que tu veux que je te donne». La réponse de Salomon apparaît d’une grande sagesse, à méditer à l’aune des moeurs actuelles. Et pas seulement en politique : «Maintenant, Éternel mon Dieu, tu as fait régner ton serviteur à la place de David, mon père ; et moi, je ne suis qu’un jeune homme, je n’ai point d’expérience. Ton serviteur est au milieu du peuple que tu as choisi, peuple immense, qui ne peut être ni compté ni nombré, à cause de sa multitude. Accorde donc à ton serviteur un coeur intelligent pour juger ton peuple, pour discerner le bien du mal». 

Cette demande de Salomon plut au Seigneur. «Puisque c’est là ce que tu demandes, puisque tu ne demandes pour toi ni une longue vie, ni les richesses, ni la mort de tes ennemis, et que tu demandes de l’intelligence pour exercer la justice, voici, j’agirai selon ta parole. Je te donnerai un coeur sage et intelligent, de telle sorte qu’il n’y aura eu personne avant toi et qu’on ne verra jamais personne de semblable à toi». 

Combien d’entre nous, ayant eu pareille opportunité, comme un peu face à l’apparition du génie de la lampe et son fameux «ordonne et je t’obéirai», combien aurait renoncé à la puissance et l’immortalité, la fortune et la gloire ?

Ce renoncement fut pourtant récompensé d’une divine surprise : «Je te donnerai, en outre, ce que tu n’as pas demandé, des richesses et de la gloire, de telle sorte qu’il n’y aura pendant toute ta vie aucun roi qui soit ton pareil. Et si tu marches dans mes voies, en observant mes lois et mes commandements, comme l’a fait David, ton père, je prolongerai tes jours». 

Sagesse et condition humaine, sagesse mais très humaine condition. Plus grand roi de son époque, mais humain tellement humain. Comme de bien entendu, Salomon contreviendra à certaines recommandations divines. Son royaume sera dépecé après sa mort, arraché à son fils : cette magnanimité divine, lui épargnant toute humiliation de son vivant, Salomon le devait aux services rendus par son père. Et à Jérusalem, la ville élue (1Rois 11). 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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