Atteints par le Nouvel an

À défaut de la pluie liquide dont la saison se résume, actuellement, à se faire désirer, un autre type de déluge nous submerge. On traverse, en effet, une autre période pluvieuse avec les vœux de nouvel an qui tombent continuellement dans nos messageries et autres boîtes de réception, ces mêmes messages qui sont machinalement véhiculés par les voix qui se rencontrent. Un de ces moments où le passage du temps, sa course inéluctable, peut être source de réjouissances. 

Concrètement, pour simplifier, une année c’est notre planète qui effectue un tour, une révolution, autour du soleil. Ainsi se matérialise la marche du temps, ce mouvement perpétuel qui affecte ceux qui vivent sous son emprise. Étant ainsi parmi ceux qui subissent passivement, selon cette perspective, la loi du temps, on ne peut être ceux qui “atteignent” la nouvelle année mais c’est cette dernière qui nous atteint, une vision partagée par les plus éminents chercheurs et spécialistes de la langue malgache. Et quand le nouvel an nous attrape, le temps manifeste sa capacité extraordinaire à produire l’euphorie. 

Même si pour le philosophe Emmanuel Kant, le temps est, avec l’espace, une forme a priori de la sensibilité et dont l’existence est inséparable des sujets qui perçoivent, on peut le voir et le sentir exercer sa dictature pour nous imposer les affres de l’hiver, ou pour nous gratifier des dons que la nature nous prodigue au printemps. Encore une fois, nous subissons le dynamisme temporel et non l’inverse, et la mobilité du temps peut être une raison de faire la fête, de boire et de manger comme maintenant où l’année 2025 nous a atteints. 

Ce voyage imposé, qui peut résumer toute une vie, peut prendre comme illustration la figure de Janus, le dieu aux deux visages dans la mythologie romaine. L’une de ses faces est tournée vers le passé, l’autre regarde le futur. Quand le nouvel an arrive, on devient comme des pratiquants du culte de Janus, on retient les leçons du passé et on se tourne vers l’avenir orné, comme dans le roman Le Journal de Bridget Jones (H. Fielding, 1996) et son adaptation cinématographique, de souhaits qui voient en rose la vie durant les douze prochains mois. 

On est encore dans les illusions du nouvel an, où l’espoir est à son comble, où la météo est encore festive. Un état de grâce qui, on l’espère tous, durera le plus longtemps possible. Et que cette nouvelle étape, qui a commencé mercredi dernier, ne soit pas avare de fêtes.

Fenitra Ratefiarivony

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