Je conçois parfaitement que chaque pays soit pointilleux à ses frontières. Aussi, ne comprendrai-je jamais que tout et surtout n’importe quoi entre à Madagascar. Pourquoi nos conditions de délivrance de visa d’entrée et d’octroi de séjour ne sont pas aussi drastiques qu’ailleurs. Comment, par exemple, ce Français épinglé par la police nationale dans un post sur Facebook a pu aller et venir. Un «touriste» sexuel qui fait son marché de jeunes vierges depuis 2018.
Récemment, et ce n’est certainement pas pour valoriser l’image du voyageur malgache à l’étranger, deux Gasy ont été appréhendés à l’île Maurice en possession de khat : leurs visages avaient été publiés sans complexe. On pourrait traiter de la même manière les délinquants étrangers arrêtés chez nous: mettre leur visage en pâture pour que la honte les poursuive jusque chez eux, là-bas.
Pour en revenir à cette histoire de tourisme sexuel, revers attendu de l’extrême misère locale, certains parents dans quelque bled du Sud de l’île monnaient la «virginité» de leurs filles : une virginité d’ailleurs réparable par la magie d’une toilette intime à la décoction d’écorce de «rotra» : eugenia jambolana que je savais cicatrisant des plaies diabétiques mais que j’ignorais réparateur d’hymen défloré.
Avec un potentiel touristique encore insuffisamment mis en valeur, Madagascar compte beaucoup sur les revenus de cette industrie qui représentait 7 à 10% du PIB avant la crise du Covid. Sauf que, parmi le million de touristes dont on fait un objectif national depuis une dizaine d’années, se glissent trop souvent beaucoup d’indésirables qui font à Madagascar la réputation d’un eldorado sexuel avec des raccourcis grotesques et une généralisation insultante : «Ici, ils vous offrent leur femme».
Manille, Bangkok, Pattaya, Phnom Penh, Dakar, Rio, Tana, Nosy-Be... Il ne s’agit pas d’interdire la prostitution adulte, mais quand elle prend des proportions industrielles et accouple systématiquement le pouvoir d’achat d’étrangers expatriés généralement vieillissants contre le corps de (très) jeunes autochtones dans le désespoir du tiers-monde, il y va de la réputation d’un pays à l’international. Et quand le même tourisme sexuel se fait pédophilie, il y a un faisceau de préjudices que seule peut réparer une sanction pénale définitive. À ce titre, par exemple, je conçois parfaitement également que nombre de pays asiatiques punissent le trafic de drogue de la peine de mort.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja