Téléphé…érique

Dans quelques jours le transport par câble fera partie du quotidien des Tananariviens. On entre dans la dernière ligne droite des tests avant l’ouverture de la ligne aux passagers. On a beaucoup jasé sur l’opportunité ou non de ce mode de transport assez vulgarisé ailleurs au même titre que le tramway, le métro ou le TGV. Les dénigrements du projet ont été tels qu’il a fallu changer certains trajets du téléphérique pour éviter des conflits inutiles qui risquaient de bloquer le projet.

Les prévisions des promoteurs du projet sont plutôt optimistes quant aux nombres de passagers attendus par mois, par an, malgré le coût relativement élevé d’un trajet. Mais il faut voir les choses avec réalisme et objectivité. Vu que l’extension du réseau routier dans la capitale est presque impossible étant donné le manque d’espace et l’absence chronique d’un plan d’urbanisation depuis le retour de l’indépendance, l’avenir est peut-être l’espace aérien.

Élargir les rues à Tana, construire un réseau de transport souterrain, aménager des fly over coûtent les yeux de la tête et demeure irréalisable sans passer par des démolitions et des expropriations massives comme les grands pays le font. On sait combien il est compliqué de procéder à des démolitions sans risquer un soulèvement populaire même en respectant toutes les formalités. C’est un des principaux blocages à tout projet d’aménagement urbain. C’est ainsi que le projet fly over à Anosizato tarde à se concrétiser.

En attendant, le transport par câble est mieux qu’un ersatz. Le trajet Anosy Ankorondrano se fait en cinq minutes contre une heure au moins en taxi et une heure quarante-cinq en taxi-be. Certes, ce n’est pas le même montant mais on sait très bien que les embouteillages font perdre des milliards d’ariary à l’économie et aux individus.

Pour les travailleurs  qui doivent arriver au bureau à l’heure dite, que demander de mieux. C’est d’autant plus vrai que si l’on en croit au prix du trajet annoncé, c’est beaucoup moins cher que le prix d’une course de taxi pour le même itinéraire. Seul le confort n’est pas le même mais pour un trajet de cinq minutes ou plus, personnes ne se plaindra d’une station debout. En revanche, il y a plus de sécurité car on voit mal les détrousseurs emprunter ce genre de transport au risque de se faire prendre comme une mouche.

Il suffira ainsi de démocratiser un peu le prix du ticket pour permettre à un grand nombre de citoyens d’utiliser le transport par câble. Il ne faut pas s’en faire étant donné que plus il y a de passagers, moins on va payer. Au début, pendant une période d’amortissement, le coût d’un trajet peut paraître exorbitant mais au fur et à mesure que le temps passe, on finira par s’y faire. Il va sans dire que les premiers clients sont plutôt les curieux et les amateurs de découverte d’un paysage téléphé… érique. Il y a fort à parier que les clients vont se bousculer au portillon. On parie?

Sylvain Ranjalahy 

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