La Journée sans tabac n’a pas été respectée, hier. |
“Protéger les enfants de l’ingérence de l’industrie du tabac” a été le thème de la Journée mondiale sans tabac, célébrée hier. Les associations anti-tabac réclament l’adoption de la loi anti-tabac pour gagner cette lutte.
Elie, un adolescent de 17 ans, est un fumeur quotidien de cigarette depuis ses 15 ans. “Ça a commencé par une expérimentation. Maintenant, j’ai mal à la tête lorsque je n’en fume pas, comme en ce moment, par exemple. C’est pourquoi j’ai acheté cette tige”, nous raconte-t-il hier, devant une épicerie à Manakambahiny, où ce mineur n’a pas du tout de mal à s’en procurer, bien que les textes l’interdisent.
Niaina, le commerçant, avoue qu’il en vend sans problème à des mineurs. “Il y a des jeunes, dont des garçons de 15-16 ans, qui achètent leur clope quotidiennement ici. Aucune autorité n’est encore venue me dire que c’est interdit”, nous dit-il. Dans ce quartier où il y a des écoles, des universités, les commerçants de produits issus du tabac poussent comme des champignons, comme partout, d’ailleurs. Les élèves en sont des proies faciles. “Les dernières études publiées au mois de février ont indiqué que dans un rayon de 100 m d’une école, on trouve quinze points de vente de tabac”, a indiqué Haja Ramamonjisoa, président de l’organisation non gouvernementale Ny Sahy, qui lutte contre le tabac et les drogues.
Protection
À l’échelle mondiale, selon des données de 2022, au moins trente-sept millions de jeunes gens de 13 à 15 ans consomment l’une ou l’autre forme de tabac. À Madagascar, les dernières données qui datent de 2018 indiquent que 8 % des jeunes élèves de 13 à 15 ans sont fumeurs. “On devrait faire de nouvelles enquêtes pour voir les nouvelles tendances. Ce qui est certain, c’est que l’ingérence des industries du tabac n’est pas sans conséquence chez les mineurs”, enchaîne Haja Ramamonjisoa.
La Journée mondiale sans tabac 2024, célébrée à Mahajanga hier, appelle les pouvoirs publics et la communauté de la lutte antitabac à protéger les générations actuelles et futures. “Nous encourageons les responsables politiques à durcir la législation, notamment à appliquer et à renforcer les dispositifs existants pour rendre les producteurs responsables des coûts environnementaux et économiques des dommages qu’ils causent”, peut-on lire dans le communiqué de presse du ministère de la Santé publique à l’occasion de cette journée. L’organisation non gouvernementale Ny Sahy insiste sur la promulgation d’une loi anti-tabac pour mieux protéger les jeunes contre le tabac qui tue des milliers de personnes par an à Madagascar. “Une proposition de loi a été déposée il y a quelques années. Elle doit être la priorité des nouveaux députés si on veut gagner cette lutte”, note Haja Ramamonjisoa.
Miangaly Ralitera