Un patient meurt d’inanition dans un hôpital. Aucun membre de sa famille ne lui a apporté à manger et l’hôpital non plus n’a pas les moyens pour lui donner à manger. Un cas qui a fait la une des journaux mais qui, malheureusement, n’est pas isolé. Les hôpitaux publics sont devenus de véritables mouroirs pour ceux qui n’ont pas les moyens de se faire soigner. Les médecins font de leur mieux mais à l’impossible nul n’est tenu. Plusieurs malades rentrent chez eux sans être guéris faute de moyens pour continuer les soins et les traitements. Ils s’en remettent au sort et à la fatalité. Les appels de détresse inondent les réseaux sociaux, c’est devenu même une affaire juteuse pour les arnaqueurs de tous bords.
Les hôpitaux n’ont plus de public que de nom. Tout est devenu payant, du coton à la platine pour soigner les ruptures des os. Il y a vingt ans, les hôpitaux publics pouvaient encore donner à manger aux patients trois fois par jour. Certes, ce n’était pas un menu de restaurant mais au moins on avait de quoi se mettre sous la dent. Cette faveur a disparu au fil des années. Le budget des hôpitaux publics a diminué comme peau de chagrin. La qualité de service, comme les repas gratuits, a disparu petit à petit. Une gratuité des soins et des médicaments est parfois annoncée de manière sporadique, mais cela ne dure que le temps d’une épidémie avant de revenir à la «normale». Une situation déplorable dont les candidats aux élections ne semblent malheureusement pas se préoccuper.
L’image la plus expressive de la pauvreté se trouve dans les hôpitaux publics.
Plusieurs corps restent à la morgue pendant des semaines voire des mois sans que leur famille daigne les récupérer. Le principe du « velona iray trano, maty iray fasana » reste juste un mirage. De même que le refus d’être « very faty », une malédiction suprême. Prendre en charge un mort coûte une fortune. L’enterrer encore plus. Certaines personnes ferment simplement les yeux à leur corps défendant, faute de moyens et attendent avec foi et confiance qu’elles vont, malgré tout, retrouver leurs proches à la résurrection. On sait pourtant combien c’est dur de ne pas pouvoir enterrer un proche dans le caveau familial.
La situation ne cesse malheureusement d’empirer avec le temps. La population stoïque et armée d’une résilience sans égale l’affronte avec courage et dignité. Que peut-elle faire d’autre face aux mouroirs aux alouettes ?
Sylvain Ranjalahy