TRAFIC D’ESPÈCES PROTÉGÉES - Dix-huit personnes déférées au PAC

Ernest Lainkana Zafivanona et Elysée Rasoahanta au PAC 67 ha, hier.

Après l’interpellation de plusieurs animaux endémiques malgaches en Thaïlande, l’enquête porte ses fruits. Dix-huit personnes ont été déférées au PAC 67 ha hier.

Trois chefs d’inculpation : infractions douanières, blanchiment d’argent et infractions environnementales, ce sont les charges retenues contre dix-huit personnes présumées impliquées dans l’affaire de trafic illicite d’espèces endémiques. Le 1er mai dernier, quarante-huit lémuriens et plus de mille tortues ont été appréhendés en Thaïlande par les autorités locales. 

Outre les six personnes arrêtées par les autorités thaïlandaises, dix-huit autres individus ont été déférés hier au Pôle anti-corruption (PAC). Bien que les dix-huit soient impliqués dans le dossier de déferrement, seuls huit d’entre eux ont comparu devant le PAC. Un autre individu n’a été appréhendé qu’hier matin et trois autres sont toujours recherchés.

Parmi les huit personnes présentées devant le PAC hier se trouve un ressortissant birman qui, selon Ernest Lainkana Zafivanona, directeur général des douanes, est le chef du réseau transnational de trafic illicite à Madagascar. Un ressortissant indien est également impliqué dans cette affaire. Le directeur général ajoute qu’il a été en contact avec deux Thaïlandais et que les sept Malgaches se trouvent être ses complices. Depuis les treize jours d’enquête, aucun agent des douanes ni d’autres responsables étatiques ne sont nommés dans cette affaire.

Mode opératoire

L’enquête a permis aux autorités de déceler le mode opératoire du réseau international. Selon les dires d’Ernest Lainkana Zafivanona, les malfaiteurs descendaient en vedette depuis les côtes de Mahajanga jusqu’à Morombe, du côté de la baie de Salary où les animaux ont été récupérés. C’est par la suite que ces derniers sont transportés à bord de petites embarcations vers un bateau qui les attend au large. Sans blâmer personne, le directeur général des douanes explique que le fait que ces animaux aient pu sortir du territoire national implique une chaîne de responsabilité de diverses entités dans les douanes. Néanmoins, il est aussi compréhensible que les réseaux de trafiquants internationaux soient bien organisés. Cependant, il ajoute que l’antenne à Madagascar a pu être démantelée.

Avec une estimation de valeur avoisinant quatorze milliards d’ariary, les animaux ont été vendus à un prix dérisoire, explique le directeur des douanes. Selon lui, les trafiquants ont seulement tiré entre quatre cent et cinq cent millions d’ariary, un prix qui est loin de la normale. Elysée Rasoahanta, procureure auprès du PAC, explique qu’étant donné que les faits reprochés à ces personnes sont des crimes, il est fort probable que tous les prévenus soient mis en détention provisoire. Il en va de même pour les ressortissants étrangers, sauf qu’un avis de poursuite sera envoyé à leurs ambassades, au ministère de la justice et à celui des Affaires étrangères. « Comme on les a appréhendés chez nous, ce sont les lois malgaches qui s’appliquent. Il faut juste envoyer un avis de poursuite aux autorités compétentes », explique Élysée Rasoahanta hier. Vu la délicatesse de l’affaire, ce sera le doyen des magistrats qui sera chargé de l’affaire, assure la procureure.

Concernant le rapatriement, c’est le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) qui s’occupe des procédures. Néanmoins, les douanes, par le biais de son directeur général, déclarent être prêtes à donner de l’aide pour le rapatriement des animaux qui doivent « être remis dans leurs habitats naturels », explique Ernest Lainkana Zafivanona.

Ravo Andriantsalama

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