LÉGISLATIVES À ANALAMANGA - Lutte fratricide entre TIM

La  lutte entre Rina Randriamasinoro et Émilien Ramboasalama est l’exemple  parfait de la guerre fratricide au sein du TIM.

Des députés sortants du TIM ont décidé de passer outre la consigne du parti. Ils se présentent comme candidats indépendants aux législatives contre ceux du Firaisankina.

Le Tiako i Madagasikara semble confronté à une situation délicate. Les candidats de l’alliance Firaisankina, comprenant le parti fondé par Marc Ravalomanana, se retrouvent désormais en compétition directe avec d’anciennes figures majeures de ce dernier lors des prochaines élections législatives dans la région Analamanga. Une bataille fratricide dans laquelle ce parti de l’opposition risque de laisser des plumes en cas de défaite.

L’origine de cette situation découle de la querelle entourant le choix des représentants du TIM au sein de l’alliance Firaisankina, surtout à Antananarivo et ses environs, considérés comme des bastions de Marc Ravalomanana. Contre toute attente, certains députés sortants du parti se sont retrouvés «écartés», parmi lesquels le colonel à la retraite Emilien Ramboasalama du quatrième arrondissement, Alain Ratsimbazafy, élu dans le district d’Atsimondrano, et Gerry Randriambolaina, député du district d’Avaradrano. Tous ont décidé de se représenter en tant que candidats indépendants dans leurs circonscriptions respectives.

«La démocratie n’est plus respectée au sein du TIM, car la décision du Congrès national du 1er juillet 2023, qui accordait une place prépondérante à la voix de la base du parti dans la désignation des candidats aux différentes élections, n’est plus observée. On assiste à une mauvaise pratique politique consistant à parachuter un candidat non résident dans le IVe arrondissement, qui ne bénéficie pas de l’unanimité au sein du bureau politique. Cette situation ne correspond plus à mes convictions idéologiques, ce qui m’a incité, en collaboration avec ma base, à me présenter en tant que candidat indépendant et à devenir un adversaire véritable du Firaisankina, afin de préserver la démocratie», explique le colonel Emilien Ramboasalama, le seul que nous avons pu joindre par téléphone.

Départ acté

Outre les députés, d’autres personnalités emblématiques et soutiens indéfectibles de Marc Ravalomanana ont également choisi de se présenter seules aux élections. Parmi elles, figurent la chanteuse Bodo Razafindrazaka, candidate dans le IIIe arrondissement, et Bina Liantsoa Andriamanjato à Andramasina. «Bodo Razafindrazaka a déjà été la grande perdante des élections législatives de 2019 en étant sur la deuxième liste malheureuse du TIM dans le IIIe arrondissement. Elle espérait probablement cette fois obtenir le soutien du numéro un pour cette circonscription, mais cela n’a pas été le cas», confie une autre source.

En choisissant de passer outre la consigne de leur parti, ces dissidents ont effectivement acté leur départ et officialisé leur rupture avec Marc Ravalomanana. Pour ce dernier, l’enjeu est de taille, car la décision de ces dissidents de se présenter risque sérieusement de compromettre l’élection de ses candidats à Antananarivo. Dotés d’une connaissance approfondie du terrain et d’une proximité avec la base, ces «dissidents TIM» bénéficient d’un avantage certain.

Par ailleurs, c’est également un moment crucial pour le fondateur de Tiko, qui doit évaluer sa popularité et le degré de respect de ses directives auprès des militants. À plusieurs reprises, il s’est exprimé pour expliquer les contraintes justifiant les choix des candidats, et surtout pour souligner l’impératif de respecter scrupuleusement la consigne du parti et de soutenir les candidats de Firaisankina. «Une alliance implique des concessions», a-t-il répété à plusieurs reprises.

La situation s’annonce particulièrement critique pour le candidat du Firaisankina dans le IVe arrondissement d’Antananarivo, qui n’est autre que le secrétaire général du TIM, Rina Randriamasinoro. Non seulement il se retrouve dans un groupe de candidats redoutables, comprenant des adversaires tels que le chanteur et député sortant Paul Bert Rahasimanana, alias Rossy, le chroniqueur du Miara-ManonjaVonison Andrianjato, ainsi que celui de la plateforme de soutien au pouvoir, mais il devra également convaincre sa base de tourner la page sur le député sortant et son ancien «frère politique», Émilien Ramboasalama, et de lui accorder leur vote.

Conscient des risques, Marc Ravalomanana a choisi d’exercer toute son influence sur son secrétaire général, comme en témoigne une vidéo le montrant en train de serrer longuement la main de son protégé, justifiant ainsi son choix. «Il a des raisons valables qui motivent sa désignation en tant que candidat pour le IVe arrondissement. Je vous demande simplement de me faire confiance», a-t-il déclaré dans cette vidéo.

Ravo Andriantsalama

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