Le pont Mahavavy a été amputé de 45 mètres après qu’une partie a été emportée par les eaux. |
Après avoir déposé des gerbes en hommage aux martyrs du 29 mars 1947, le Président a tout de suite mis le cap sur Ambilobe, hier. Il a apporté son soutien et celui de l’État aux sinistrés suite au passage du cyclone Gamane.
Isolé. C’est la situation dans laquelle se trouvent plusieurs localités du district d’Ambilobe, suite au passage du cyclone Gamane. Une situation que Andry Rajoelina, président de la République, a constatée de visu durant son déplacement sur place, hier. Face aux conséquences humanitaires, il a émis un appel à la solidarité nationale afin d’aider les victimes.
Des localités submergées et environ 1 800 hectares de rizières sous les eaux. Des villages isolés. Des familles piégées par l’eau et se réfugiant dans des habitations inondées, lorsqu’elles ne sont pas détruites. Des sinistrés sans vivres, sans électricité et sans réseau téléphonique, ni connexion internet depuis trois jours. Des agriculteurs qui ont perdu l’ensemble de leur récolte. Des éleveurs qui ont vu leur bétail emporté par les eaux. Des enfants, des femmes et des personnes âgées pataugeant dans l’eau, grelottant de froid et de faim. Des routes coupées. Des ponts emportés par la crue.
Dès le survol du district d’Ambilobe, Andry Rajoelina et sa suite ont eu un aperçu du drame qui s’est abattu sur les habitants. Le constat est désolant. Gamane a eu un effet dévastateur autant sur le plan humanitaire que sur les infrastructures. Le bilan de dix-huit décès, sur l’ensemble des treize districts touchés, en donne une idée. Le chef de l’État a pu mesurer l’étendue des dégâts lorsqu’il a touché terre, à Ambilobe. Cette circonscription compte le plus de sinistrés avec quarante-trois mille recensés.
“L’État est à pied d’œuvre pour redresser la situation. C’est justement pour cette raison que je suis ici. Pour vous assurer que l’État est toujours à vos côtés”, a déclaré le locataire d’Iavoloha, face aux habitants qui sont hébergés dans le domaine du bureau du district d’Ambilobe. À bord d’une embarcation pour aller à la rencontre des familles piégées par les eaux, Andry Rajoelina a, néanmoins, lancé un appel à la solidarité nationale pour aider les sinistrés.
La plupart ayant tout perdu à cause de la montée des eaux.
“Nous devons être solidaires. Donnons-nous la main. J’encourage tous ceux qui en ont la possibilité à aider nos compatriotes sinistrés. C’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît les vrais amis”, ajoute ainsi le président de la République. Face au drame dans le Nord et le Nord-est, Andry Rajoelina a écourté le programme initial de la commémoration de l’insurrection du 29 mars 1947. Après le dépôt de gerbes au Mausolée, à Avaratr’Ambohitsaina, il s’est tout de suite envolé pour Ambilobe.
Reconstruction
Outre la visite des sites d’accueil des sinistrés, Andry Rajoelina a insisté pour voir de lui-même les conditions dans lesquelles les familles piégées par les eaux vivotent depuis près d’une semaine. “Nous devons venir en aide aux familles isolées. Nous devons aller à leur rencontre”, a insisté le chef de l’État. Il a alors mis le cap vers une localité dénommée Ambahivahy.
Après un bref parcours en tout terrain, au milieu d’environ un mètre d’eau, il a dû embarquer dans une des vedettes du corps de protection civile. Il fallait ensuite emprunter, à pied, un chemin qui s’est transformé en une sorte de marécage d’eau boueuse jusqu’à 50 centimètres de profondeur. “Je suis ici pour vous témoigner mon soutien et pour assurer que je suis de tout cœur avec vous”, sont les mots de Andry Rajoelina, s’adressant aux quelques familles qui se sont retrouvées encerclées par les eaux, à Ambahivahy.
Pour répondre à l’urgence humanitaire, le Président affirme que la distribution de vivres sera renforcée. L’hélicoptère de l’armée est, justement, mobilisé pour la logistique dans les sites isolés. Un dispositif médical, avec des distributions de médicaments gratuits, sera aussi rapidement déployé. Dès que les conditions météos ont été plus clémentes, les dispositifs d’aide ont été déployés. Christian Ntsay, Premier ministre, est sur le terrain depuis jeudi pour superviser le déploiement des actions étatiques. Il a accueilli le chef de l’État, hier, à Ambilobe.
Le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC) est également au four et au moulin pour atténuer les effets, surtout humanitaires, des dégâts cycloniques dans les treize districts touchés. En back-up, il y a les départements ministériels. Pour Ambilobe, en particulier, Andry Rajoelina a annoncé que du riz y sera mis en vente afin de court-circuiter l’inflation sur les denrées alimentaires.
S’agissant des infrastructures, le rétablissement de la circulation sur les axes routiers est la priorité. La mise en place d’un pont Bailey, à titre de mesure provisoire, pour pallier l’effondrement des ponts est en tête de liste, à entendre les directives présidentielles. C’est le cas du pont Mahavavy dont un tronçon de 45 mètres a été emporté par une déferlante d’eau. Le Président indique, par ailleurs, que “l’État fera tout son possible pour soutenir les sinistrés et la reconstruction”.
Garry Fabrice Ranaivoson