Le nouveau PDS d’Antananarivo devrait être connu dans les prochains jours. |
Selon les informations, la nomination d’un PDS à la tête de la Commune d’Antananarivo ne saurait tarder. L’heureux élu devra avoir les reins solides pour redresser une situation difficile et trouver les solutions aux multiples problèmes de la ville.
Qui pour reprendre les rênes de la capitale ? Selon les indiscrétions, la réponse à cette question devrait être connue sous peu. Celui ou celle qui reprendra les rênes de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA) aura fort à faire.
Depuis la nomination de Naina Andriantsitohaina, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, le poste de maire de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA) est vacant. Selon la loi 2014-020 sur les Collectivités territoriales décentralisées (CTD), en cas de vacance du siège de chef de l’Exécutif d’une CTD, dont les communes, à douze mois avant la fin du mandat, il ne peut y avoir d’élection partielle. Une délégation spéciale sera ainsi mise en place jusqu’à l’élection de fin de mandat.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) propose la date du 6 novembre pour les communales. Avec deux vice-présidents, ce sera donc le Président de la délégation spéciale (PDS) qui sera aux manettes de la capitale jusque-là, si le calendrier est validé par le gouvernement. Étant donné les défis qui se présentent et les enjeux politiques, le prochain PDS d’Antananarivo devra avoir les épaules larges et les reins solides. Les tâches qui l’attendent sont herculéennes.
Ce qui explique, probablement, pourquoi les tenants du pouvoir mettent autant de temps à désigner ce fameux PDS. La nomination d’une délégation spéciale est pourtant simple. Elle se fait par un arrêté ministériel. La situation qui prévaut à Antananarivo fait que trouver la personne à désigner comme PDS équivaut à trouver une perle rare. Il lui faudra un super pouvoir pour relever les multiples défis qui l’attendent. La «to do list» est longue.
La plus visible, depuis le début de l’année, est le problème d’assainissement. L’amoncellement des déchets dans tous les quartiers d’Antananarivo le hisse à nouveau au rang de la ville la plus sale d’Afrique et l’une des plus insalubres du monde. En pleine saison des pluies, l’effluve des ordures devient un danger pour la santé publique, surtout chez les enfants.
Charge politique
La réouverture de la décharge d’Anosipatrana, qui un temps, a débordé jusqu’à la chaussée de la route longeant la digue de la rivière Ikopa, témoigne de l’impuissance des autorités municipales. Le mur de tôle posé par le gouvernorat d’Analamanga peine à cacher la colline d’ordures qui prend de la hauteur de jour en jour à la lisière Sud de la ville des mille.
L’arrivée annoncée de nouveaux camions bennes en renfort de la collecte d’ordures ne sera qu’une solution d’urgence. Une réforme du système d’assainissement s’impose. Avec une éducation civique de masse en prime. L’incivisme des habitants est, en effet, en partie la cause de l’insalubrité de la capitale. Il s’agit également d’une des causes de l’anarchie dans ses rues, ses quartiers, ses ruelles et ses marchés.
Il y a, par ailleurs, le problème de la montée des eaux à chaque averse. Certes, là aussi, il y a une part de responsabilité des habitants qui construisent à tour de bras, sans égard aux règles d’urbanisme. Quitte à boucher les canaux d’évacuation d’eau. Avec une complicité probable des responsables communaux. Paradoxalement, les robinets sont à sec dans plusieurs quartiers de la ville. Une autre mission pour le super PDS, puisqu’il est également de la responsabilité de la commune d’assurer l’accès à l’eau potable et courante à ses habitants.
Il y a aussi la réfection des routes qui se dégradent de jour en jour. Face aux multitudes de problèmes de la capitale, le super pouvoir du futur PDS sera mis à rude épreuve puisqu’il aura une obligation de résultats immédiats, avec des moyens limités. Lors d’une interview télévisée, en décembre 2022, l’ancien maire, Naina Andriantsitohaina, a avoué que la CUA était à sec. La réticence des habitants à payer les taxes et la prolifération des activités informelles n’arrangent pas les choses.
Les subventions ou les aides ponctuelles de l’État ne sont que des perfusions. Le futur PDS d’Antananarivo n’aura pourtant pas d’excuse. Surtout qu’il aura aussi la «charge politique» de redresser la barre à l’orée des élections communales. Il est certain que les tenants du pouvoir souhaitent que le prochain maire élu de la capitale reste issu de leurs rangs. La bataille électorale sera plus simple avec une capitale propre et où il fait bon vivre.
Comme il n’aura pas le droit d’être candidat, le futur PDS ne devrait pas avoir à se soucier de sa cote de popularité. Vu la situation, de la rigueur, de l’intransigeance et la prise de décisions impopulaires pourraient s’imposer. Seulement, pour mener à bien sa mission, en si peu de temps, outre les moyens, il faudra également que l’État central lui donne la liberté d’action nécessaire. Ce qui pourrait devenir un dilemme pour les tenants du pouvoir en ces temps d’élections. Surtout que les mesures à prendre pourraient concerner directement l’électorat cible.
Garry Fabrice Ranaivoson