Le monde entier est dans cette phase de liesse, qui est à la fois le pic de la fête tout en étant la dernière ligne droite de l’année. Une ultime étape épanouie par l’atmosphère des célébrations, qui ne connaissent pas l’usure du temps, mais ont toujours gardé leur force exaltante, l’une des rares sources de joie que ne peut entamer la méchanceté graduelle de la vie.
À Madagascar, l’existence rime trop souvent avec souffrance. La vie est dure, dure, dure... L’arrivée de Noël et l’attente d’une nouvelle année, qui ont toujours été présentes dans la ronde infinie qui fait succéder les mois, n’ont jamais apporté dans leur bagage magique, qui insuffle cette allégresse, l’exorcisme qui pourrait expulser
les démons qui ternissent nos vies. Le passage des anges de la joie se fait même toujours avec un renforcement des forces infernales.
Ce cycle infernal rappelle, une fois de plus, le mythe de Sisyphe. On porte, comme lui qui fait rouler son rocher, le bonheur qui, à l’instar de la lourde charge qui remonte la montagne, retombe sans atteindre son but qui devrait être un emplacement permanent. Étant conscients de cette fugacité des apports de la fête, on n’a qu’à profiter de cette courte période et, comme pour Sisyphe, nous “imaginer heureux” d’après les termes d’Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe.
Noël et l’épisode, toujours euphorique, qui précède l’arrivée d’une nouvelle année, sont ainsi toujours vécus dans une joie qui a souvent un effet sédatif, qui endort les effets lancinants, permanents, de la vie quotidienne ordinaire. Et cette année, cet effet anesthésique est sûrement renforcé par le bonus qu’était la cérémonie d’investiture qui a marqué le renouvellement d’une situation politique et nationale dans laquelle on vit depuis cinq ans.
Le prologue du nouveau quinquennat a, en tout cas, été d’une ambiance festive, sous le signe de la gaieté, d’un entrain que le commun des mortels aimerait vivre encore longtemps. Et la fête est et sera au rendez-vous, mais pour combien de temps sera-t-elle là pour nous donner cette félicité dont on a tant besoin ?
Pour les cinq années suivantes, on ne peut qu’espérer une amélioration de la situation. Il nous reste l’espoir qui peut toujours inspirer nos vœux de Nouvel An. Mais que peut-on vraiment attendre du Père Noël quand on sait que le cadeau tant demandé a toujours été le grand absent de la hotte du Père Noël. Peut-être n’avons-nous pas été assez sages.
Fenitra Ratefiarivony