Les produits de recherche des scientifiques sur la traçabilité des bois précieux présentés à l’Académie malgache à Tsimbazaza, hier. |
Hors de contrôle. Des produits finis de bois précieux sont commercialisés chez de nombreux ébénistes, en ce moment. Ce qui inquiète les scientifiques. « Nous craignons fortement que ces bois mis en vente à Andravoahangy, par exemple, proviennent des aires protégées. 82% de nos bois précieux sont menacés. La plupart de ces bois se trouvent dans les aires protégées. Ceux qui se trouvent en dehors des aires protégées sont en très petite quantité », lance Tendro Radanielina, coordinateur du projet Gestion durable des bois précieux Dalbergia et Diospyros de Madagascar (G3D), hier à l’Académie malgache à Tsimbazaza, lors de la demi-journée de communications sur les bois précieux de Madagascar.
Le ministère de l’Environnement et du Développement durable ne nie pas l’existence de l’exploitation illicite de bois précieux. « Il existe trois types de bois précieux : le palissandre, le bois d’ébène et le bois de rose. Les produits que l’on trouve chez les ébénistes sont principalement du palissandre. Certains de ces bois peuvent être légaux, provenant des stocks autorisés de palissandres. Cependant, d’autres peuvent être issus d’une exploitation illégale », explique Rinah Razafindrabe, directeur général de la Gouvernance environnementale au sein du ministère de l’Environnement et du Développement durable.
Gestion scientifique
L’exploitation de ces bois est strictement interdite et soumise à un embargo international depuis 2010, mais le braconnage persiste. Pour mettre fin à cette pratique illégale et préjudiciable à la biodiversité, des scientifiques ont développé des outils d’identification et de gestion durable des bois précieux. Ils préconisent une gestion scientifique des aires protégées.
« Trois laboratoires sont déjà opérationnels pour assurer la traçabilité de ces bois. Ces outils nous permettent de déterminer la provenance des bois qui ont été illégalement exploités », explique le Dr Tendro Radanielina.
Les scientifiques militent pour une reconnaissance officielle et accélérée de ces laboratoires en tant que référence pour l’identification des bois précieux. « Le processus de désignation de ces laboratoires comme instances officielles d’identification des bois est en cours », souligne Rinah Razafindrabe.
L’opérationnalisation de ces outils pourrait-elle garantir le retour à une exploitation durable et sécurisée des bois précieux ?
Miangaly Ralitera