4h40, Tana s’éveille.

La conscience de leur présence, pourtant déjà nombreuse, ne s’impose que progressivement. Je n’ai d’abord vu que cette famille avec les deux garçons bien emmitouflés dans le petit matin d’automne. Plus loin, les sportifs matinaux profitaient de l’air encore pur du lac d’Ambohibao. Au carrefour de la pharmacie, c’est fou que les taxibe fassent du taxibe si tôt dans la journée: comme si les chauffards étaient partis dormir pour se réveiller avec la ferme intention d’emmerder le monde. 

À la frontière d’Andranomena, deux flics surgissent de la pénombre, brandissant une loupiote honteuse. Vain espoir d’un café matinal. Au pied d’Ambohidroa, une foule silencieuse chemine dans la lumière fantomatique de l’éclairage public. Les premiers officiants arrivent déjà au temple FJKM d’Antanety-Ambohimanarina. Il n’est jamais que 5h13...

C’est plus loin, vers un autre temple, que je croise les premiers paroissiens endimanchés. Pour se retrouver sur les parvis à 5H30, à quelle heure leur avait-t-il fallu se lever...

Dans le matin blafard, cette «Ramatoa mitafy lamba» m’a enchanté par l’élégance désuète de sa mise sans autre chichi. Aucun taxi en vue, elle marchait, solitaire et altière, vers un arrêt de taxibe. Autrefois, dans un vrai autobus, un passager lui aurait instinctivement cédé sa place pour se tenir debout dans une courtoisie aujourd’hui oubliée.

4H40, Tana s’éveille. 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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