Les nouveaux membres de l’équipe Ntsay devront prêter un serment de probité et de transparence, entre autres. |
La nouvelle équipe gouvernementale sera connue demain en fin de journée. Jusqu’à hier, et même aujourd’hui, les entretiens et évaluations des ministrables battent leur plein afin de composer le nouveau cabinet conduit par Christian Ntsay.
Demain en fin de journée. C’est le moment indiqué pour connaître l’épilogue de la saga sur la formation du nouveau gouvernement. Sauf énorme revirement donc, la nouvelle équipe que conduira Christian Ntsay, Premier ministre, sera connue à la toute fin de cette semaine.
L’opinion publique s’impatiente de connaître le visage de ceux qui composeront le premier gouvernement du second quinquennat de Andry Rajoelina, président de la République. Visiblement, la nouvelle team Ntsay connaît un accouchement difficile. Le nombre élevé des postulants à intégrer l’Exécutif et la rigueur du processus de recrutement imposé par le chef de l’État expliquent ce dénouement ardu.
Jusqu’à hier, aux environs de midi, quatre cent soixante-seize curriculum vitae (CV) d’aspirants ministres ont été enregistrés au Palais d’État d’Ambohitsorohitra. Autant de profils de candidats qu’un cabinet indépendant d’experts en recrutement est chargé de trier pour sortir une liste de présélectionnés. Au final, en effet, ce sera d’abord au locataire de Mahazoarivo de proposer la liste des ministres au président de la République, à qui appartient le dernier mot.
Andry Rajoelina, justement, a édicté des critères stricts pour le recrutement des futurs membres du gouvernement. Des critères basés sur l’intégrité, la compétence, l’expérience, le leadership, le sens de l’éthique, l’efficacité et le professionnalisme. Qu’importe le nombre, chaque candidat ayant passé le tri des dossiers de candidature passent littéralement au scanner. Avant les entretiens avec le Premier ministre et le chef de l’État, ils ont passé “un grand oral, une épreuve écrite de dissertation et un test de logique, ainsi que des évaluations psychométriques”.
La maîtrise du secteur ciblé et de ses problématiques. La capacité de proposer des solutions pertinentes, concrètes et réalisables. La contribution du département escompté dans la réalisation des trois piliers de ce second mandat présidentiel est évaluée durant le grand oral. Il y a aussi la culture du résultat, les compétences linguistiques et la capacité communicationnelle.
Dans les épreuves écrites, les postulants doivent expliquer leur stratégie pour résoudre les problématiques du secteur qu’ils ciblent, les réformes et les innovations qu’ils comptent appliquer. Le sens du raisonnement des candidats, mais aussi, leur compétence linguistique à l’écrit sont également passés au crible. Pour l’évaluation psychométrique, il est ici question de décrypter les traits de personnalité des aspirants ministres.
Multiples variables
La capacité managériale, le dynamisme, la confiance en soi, la rationalité, la rigueur, la capacité de négociation sont parmi les points à déceler durant l’évaluation psychométrique. À ceux-là s’ajoutent l’éthique et la capacité à résister et à gérer la pression. Le but de cette batterie de tests est d’avoir des ministres capables d’apporter une valeur ajoutée à chaque secteur concerné par les portefeuilles qui leur seront attribués. D’apporter des résultats rapides et quantifiables, des solutions à court, moyen et long terme aux problématiques.
Des ministres capables d’engager les réformes nécessaires. D’en convaincre ses collaborateurs et l’opinion publique. Des ministres conscients de la nécessité de travailler en toute transparence et redevables envers les citoyens. En somme, un gouvernement performant et probe. Ce sont les objectifs visés par la batterie de tests imposée à ceux qui toquent aux portillons de l’Exécutif. En principe, ceux qui seront présentés demain, auront alors rempli toutes les cases, ou du moins, la majorité des critères édictés par le Président.
Seulement, outre le nombre de postulants et les critères, la structure et la dimension politique expliquent aussi le casse-tête sur la composition de la nouvelle équipe gouvernementale. Des voix chuchotent qu’il pourrait y avoir “soit des ministères d’État, soit des vice-primatures”, qui correspondraient aux trois piliers du quinquennat présidentiel. Il s’agit de la valorisation du capital humain, de l’industrialisation et de la bonne gouvernance.
L’option selon laquelle des ministères seraient éclatés, ou secondés par des secrétariats d’État serait aussi actée. Le nombre de l’effectif gouvernemental devrait être revu à la hausse. Certes, une loi de finances rectificative s’impose. Toutefois, le budget étatique n’est pas extensible à souhait. La hausse du nombre des départements devrait ainsi rester dans les limites des moyens disponibles. Les sièges au sein du gouvernement sont ainsi limités. Il n’y aura pas de place pour tout le monde.
Cependant, en parallèle aux critères techniques, il y a la politique à considérer. Il y a d’abord, la pléthore de personnalités et entités politiques ayant participé à la réélection du président de la République. La plupart d’entre elles aspirent à être présentes ou être représentées au sein du gouvernement. Le chef de l’État, du reste, parle d’ouverture. Un clin d’œil à une des recommandations des partenaires internationaux, vraisemblablement. L’équipe qui sera présentée demain, sera ainsi la solution à cette équation à multiples variables.
Garry Fabrice Ranaivoson